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Projet théâtral évolutif

2014-2018

Le titre du projet global, « Le Grand Chambard », fait référence au bouleversement, au désordre, à la confusion et à la violence engendrés par ces années de guerre. Et dans sa forme spectacle de plein air, « Le grand chambard » est également le titre du journal par lequel les villageois apprennent toutes les nouvelles du monde et du front.

Ce projet s’inscrit sur 5 ans de 2014 à 2018 afin de pouvoir « coller » aux différentes commémorations de la guerre 1914/1918. Sur une période aussi longue, il a été convenu que le contenu des différentes interventions serait évolutif : chaque année, un thème central est choisi et sert de support à toutes les interventions du groupe. Si en 2015, le thème central a été « les femmes dans la guerre », en 2016, le Carcahoux se penche sur la vie des enfants pendant la guerre.

 

« Le Grand Chambard » est un projet multi formes. A l’automne 2013, quand le choix du nouveau thème s’est porté sur la guerre 14/18, le Carcahoux a décidé « d’élargir » le cadre de ses interventions, de ne pas limiter ses créations au seul spectacle du manoir et de monter un projet à partir duquel diverses formes artistiques pourraient se décliner.

 

Dans le cadre du « Grand Chambard » 2016, le Carcahoux proposera 3 formes d’expressions :

  • « Haut les mains, peau de lapin, papa est à Verdun ! » un spectacle de plein air de type son et lumière qui sera la partie « phare » du projet et qui sera présenté au manoir de Fontaine de Blangy les 8, 9 et 10 Juillet 2016.

Il évoque la vie des enfants pendant la guerre sur fond de deux moments forts : les batailles de la Somme et de Verdun d’où ce titre « clin d’œil ».

  • « Inventaire avant fermeture », un spectacle cabaret autour de la guerre qui sera présenté à Blangy et dans la région en Novembre 2016.

  • « Bleuets et coquelicots » : interventions en différents lieux de la vallée de la Bresle, notamment à l’occasion d’événements populaires (fêtes thématiques, marchés, etc.) autour d’un chemin de bleuets et de coquelicots géants porteurs de citations de personnages illustres ou de simples poilus anonymes…

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Haut les mains, peau de lapin, Papa est à Verdun

L’histoire se déroule au début du 20ème siècle, dans un village de la vallée de la Bresle, adossé à la forêt, où les croyances et traditions sont restées prégnantes. Les habitants vivent principalement de l’agriculture, du travail dans les verreries avoisinantes et de l’exploitation de la forêt.

Bien qu’il y ait toujours eu une vie communautaire forte guidée par l’entraide et la solidarité, la disparité sociale génère de nombreuses tensions ; entre les « rouges » et les gens de la terre, entre les laïcs et les «cathos », entre le maire républicain et le curé, entre les hommes et les femmes, entre…

 

C’est dans ce cadre de vie « ordinaire » pour l’époque et la région que surgit la guerre en Août 1914, au lendemain du mariage de Jean et Lucie, 2 jeunes du village promis à un bel avenir ; guerre qui va tout bouleverser, détruire les équilibres, guerre qui va laisser une trace indélébile dans tous les corps et les esprits ; ceux des hommes partis sur le front et ceux des vieux, des femmes, des enfants restés au village.

Comme tout le reste de la population, les enfants subissent la guerre et voient leurs conditions de vie bouleversées. Mis à contribution dans ce conflit, ils participent à l'effort de guerre, mobilisés à la fois comme vecteur et cible de la propagande.

L'enfant doit, à sa façon, servir sa patrie, et on attend un comportement exemplaire de ce futur soldat et de cette future infirmière, puisque les rôles sociaux attribués aux filles et aux garçons sont nettement séparés.


 

Un spectacle en 13 tableaux

 

Banquet de l’orchestre municipal du village

 

Nous sommes en 1906, et aujourd’hui, c’est le grand banquet annuel de l’orchestre municipal du village. Quelques musiciens vont de table en table animer le banquet.

Quand le banquet est terminé, les musiciens s’installent sur le grand kiosque de la place du village et jouent quelques morceaux jusqu’à ce qu’un des musiciens annonce la dernière danse de ce banquet.

 

Tableau 1 : Les deux enfants – Jean et Lucie - 1901 et 1906

 

Ce premier tableau pose le cadre général du spectacle : l’espoir et les potentialités portés par l’enfance et la jeunesse du village vont être brutalement brisés par la violence et la guerre.

Depuis leur plus tendre enfance, Jean et Lucie sont complices, ils ne se quittent pas, se taquinent en permanence. Et au village, il y a unanimité pour dire « Ces deux-là, on finira par les marier ! ».

 

Tableau 2 : La vie du village autour du kiosque à journaux - 1906

 

La terre, la forêt et le verre… ce sont les trois éléments qui composent le cadre de vie de ce village.

On découvre l’ambiance qui y règne au début du 20ème siècle ; ses habitants, leurs métiers et occupations ; les rapports existants entre les différents corps sociaux; et parmi cette foule grouillante, des enfants circulent, pleins de vie, chargés d’innocence.

Ce tableau montre également l’importance de la presse écrite dans ces années d’avant-guerre. Avec le kiosque à musique, le kiosque à journaux est un des points de ralliement incontournables des villageois. Toutes les nouvelles passent par les journaux. S’il y a encore beaucoup d’analphabètes, une grande partie de la population est scolarisée et sait lire.

Grâce à quelques titres et courts articles,  l’état du monde, l’état de la société française sont sommairement brossés.

Aujourd’hui, en ce frais matin de Février 1906, le « Grand Chambard » titre : « Graves incidents à l’église ». Il fait allusion aux tension entre les pro et anti loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

 

Tableau 3 : La place des femmes avant la guerre

 

En quatre photographies, on ressent la condition des femmes dans cette période d’avant-guerre : femmes au travail dans les champs, à la verrerie, au lavoir, au service des autres. Et de retour à maison, au service du foyer et de son seigneur et maître : l’homme ! Même si on sent chez certaines un profond, mais retenu, désir de changement.

 

Tableau 4 : La distribution des prix et la remise des diplômes - 1906

 

L’école républicaine gratuite et obligatoire, née aux débuts de la 3ème république, est porteuse de 2 projets : élever le niveau de formation des futurs travailleurs et travailleuses pour une économie en pleine mutation et affermir le régime en formant des citoyens éclairés. Elle est également l'un des instruments essentiels de « nationalisation de la société » par l'État, ou encore de consolidation de l'État-nation français.

Ce tableau se déroule à la fin de l’année scolaire 1905/1906 et évoque le « bel avenir » promis à tous ces enfants…. dont la plupart des garçons connaitront la même épitaphe : « mort pour la France », et le gâchis des énergies et des potentialités provoqué par la guerre.

 

Tableau 5 : Les accordailles - 1913

 

Au-delà des dissensions d’ordre social, religieux, politique ou familial, l’attachement aux mêmes croyances populaires reste fort. Qu’elles soient d’origine religieuse ou païenne, que les gens « y croient » ou pas, les traditions restent un des ciments de la société villageoise. La guerre accélèrera la disparition de certaines.

Dans ce village, la célébration des « accordailles » - les fiançailles - se fait traditionnellement le jour du pocage au pied de « l’arbre à bonheur ».



 

Tableau 6 : le culte du nationalisme revanchard - 1913

 

La France développe le sentiment national de 1870 à 1914 sur des mythes historiques (Vercingétorix, Clovis, Jeanne d’Arc...) et des références souvent « spirituelles » et xénophobes : « La nation comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire, voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale... » (Ernest Renan - 11 mars 1882)

Les scènes de ce tableau illustrent quelques formes collectives de la construction d’un nationalisme revanchard comme le maniement des armes et des drapeaux, les séances collectives de gymnastique, etc… le tout sur un fond de chansons patriotiques.

 

Tableau 7 : Conseil de révision - 1913

 

Le conseil de révision est un moment important dans la vie d'un jeune homme. C’est la version patriotique de l’initiation, il marque le passage de l'adolescence vers le statut d'adulte.

Après un recensement effectué en mairie, les jeunes hommes âgés de 18 ans sont convoqués devant un comité de médecins militaires et quelques officiels.

Ce tableau montre l’importance et la fierté de « servir la patrie ».  Il se déroule au début de 1913 mais il évoque en filigrane la prochaine loi qui va porter la durée du service à 3 ans (7 août 1913).

 

Tableau 8 : Le mariage et la déclaration de la guerre - 1914

 

Le « Grand Chambard » sort un numéro spécial avec un titre choc : « Le gouvernement décrète la mobilisation générale ! »

En situant ce tableau le 2 août 1914, au lendemain du mariage de Lucie et Jean, un couple de jeunes du village, l’objectif est de montrer que ce conflit va briser toutes les promesses de bonheur.

S’il y a eu majoritairement « l’union sacrée » autour de la déclaration de guerre, les sentiments plus profonds sont plus timorés. Des voix osent s’élever contre cet élan patriotique général… voix très vite couvertes par l’unisson de la vox populi.

 

Tableau 9 : Les femmes pendant la guerre

 

Le village se retrouve privé de la majorité de ses jeunes hommes. Restent les femmes et les hommes plus âgés. Très vite, cette nouvelle société se prend en mains sous la conduite des femmes.

Dans ce tableau apparaissent des photographies de femmes conduisant des automobiles et des camions, d’autres font tourner les usines d’armement ou remplacent hommes et… chevaux dans les champs. Sans oublier celles qui se sont dévouées pour soulager la souffrance des soldats : les infirmières volontaires.

 

Tableau 10 : La guerre des enfants - 1916

 

Ce tableau montre les enfants du village tiraillés entre angoisse et légèreté, nationalisme et insouciance… des enfants devant gérer l’absence du père, du frère ; des enfants embrigadés à la fois par l'école où, dès Septembre 1914, la guerre sert de support pédagogique à l’enseignement de toutes les matières ; par l’église qui voit dans la guerre un moyen de fortifier la foi juvénile ; et mêmes par les lectures et les jeux.

 

Tableau 11 : Images de guerre – 1914/1916

 

Ce tableau n’a pas vocation à relater la guerre mais à en montrer quelques ambiances, comme si on feuilletait un album photos ; images du front… les tranchées… la fraternisation de Noël 1914… les blessés… les bombardements… le carnage… les soldats au bord de la folie… et aussi la justice militaire aveugle qui envoie Jean, le Jean de Lucie, au poteau d’exécution pour avoir « déserté ».

 

Tableau 12 : L’après-guerre des femmes

 

Après la guerre, la vie reprend pour les femmes ; complètement changée pour certaines, identique à celle d’avant pour d’autres ; beaucoup sont veuves, d’autres s'occupent de leurs maris blessés, mutilés ou infirmes…

Ce tableau les montrent meurtries mais prêtes à « revivre »… non sans se poser la question de l’oubli : peut-on essayer d’oublier pour mieux vivre ? Oublier ces terrifiantes absences, la peur de tous les jours, le désespoir du courrier qui n’arrive pas, l’angoisse de la lettre fatale ! Et l’ultime question : comment garder en mémoire l’inutilité de cette boucherie ?

 

Tableau 13 : Scène finale – Que maudite soit la guerre !


Si les villageois sont unanimes pour dire que le devoir de mémoire est l’affaire de tous, ils sont divisés sur la forme qu’il doit prendre. Edification d’un monument aux morts au cœur du village ? Peut-être ! Mais les avis sont partagés sur le message qu’il doit porter. Doit-il être à la gloire de la guerre montrant un poilu victorieux, symbole du courage et du sacrifice de nos vaillants soldats ? Ou doit-il au contraire être un monument pour la paix ?

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Inventaire avant fermeture

Le Carcahoux a monté un spectacle cabaret adaptable à toutes formes de salles et à toute volonté des organisateurs.

 

L’histoire

Nous sommes dans les années 1930.

Le dernier café-concert de la région va fermer faute de moyens.

Sa patronne a décidé d’organiser une dernière soirée pour laquelle elle a invité tous ceux et toutes celles qui ont fait le succès de son établissement.

Elle  se souvient et fait « l’inventaire » de tout ce que son cabaret a connu, de la belle époque  aux années folles  en passant par les années de guerre…

De la musique, des chansons, des histoires et des « historiettes », des personnages anachroniques, etc… tous les ingrédients pour passer une bonne soirée !

 

De la musique, des chansons…

  • La belle époque : « La cantinière », « Rue saint Vincent », chants patriotiques, etc.

  • La guerre : « Dans les tranchées de Lagny », « La chanson de Craonne », « Choisis Lison », « La Madelon », etc.

  • Les années folles : « Non non plus de combats », La butte rouge, « Mon homme », etc. 

  • Des pots-pourris sur les 3 époques : « Nini Peau d'chien », « Les p'tits pois », « Viens Poupoule », « L'ami Bidasse », « Les tourneuses d'obus », « Je cherche après Titine », « Le trompette en bois », « J'ai deux amours », etc.

 

Des histoires, des « historiettes », des « tranches de théâtre »

Quelques histoires et historiettes écrites à partir d’évènements locaux…

Quelques tranches de vie des poilus au front ou à l’arrière….

Une soirée au cabaret perturbée par les anarchistes…

Des garçons de café « inaccessibles »

 

Une forme adaptable

En fonction du choix de l’organisateur, le spectacle peut être donné :

  • en « frontal » : comédiens, chanteurs et musiciens sur scènes, spectateurs assis dans la salle.

  • en structure cabaret : les spectateurs sont installés autour de petites tables ; les organisateurs pouvant servir à boire et à manger.


 

2 heures de spectacle

35 comédiens, musiciens, chanteurs, échassiers

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Bleuets et Coquelicots

Sur n’importe quel type de terrain, un chemin est aménagé avec différents objets symboles du départ, du déracinement, de l’éloignement, de l’oubli (valises, sacs, caisses, bouteilles, paniers, sacoches, etc.) Et le long de ce chemin se dressent une vingtaine de bleuets et coquelicots géants porteurs de citations de personnages illustres ou de simples poilus anonymes… ce chemin est animé par quelques personnages en costumes issus du spectacle de plein air.

 

Ces deux fleurs ont en effet été adoptées comme symboles du souvenir des combattants tombés sur les champs de bataille de la grande guerre ; le coquelicot par les pays du Commonwealth et le bleuet par la France. 

 

Les bleuets et les coquelicots poussent souvent côte à côte dans les champs où la terre est régulièrement retournée. C’est ainsi que pendant la guerre 14/18, on les retrouva sur la terre du bord des tranchées et sur celle retournée par les milliers d’obus qui labouraient quotidiennement les champs de bataille. Ces fleurs étaient le seul témoignage de la vie qui continuait et la seule note colorée dans la boue des tranchées.


Le terme de « bleuets » désignait les soldats nés en 1895 (classe 15) fraîchement arrivés sur le champ de bataille du Chemin des Dames, en raison de l’uniforme bleu horizon dont ils étaient vêtus. Ces jeunes recrues qui, pour des milliers d’entre eux n’ont jamais eu vingt ans, avaient été surnommées ainsi par les poilus plus anciens qui avaient porté le désastreux pantalon rouge garance encore en usage au tout début de la première guerre mondiale.

Quelques-unes des citations portées par les bleuets et les coquelicots

Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sang ne font plus qu'un

 

Ferdinand Gilson

 

Je ne vois pas pourquoi j'aurais une médaille, alors que les camarades qui sont restés là-bas n'ont même pas eu droit à une croix en bois

Parole de poilu  - Louis de Cazenave

 

La guerre ne sert qu'à faire mourir les hommes et enrichir les marchands de canons

Léon Weil

 

J'ai voulu défendre la France car elle m'avait donné à manger... Tous ces jeunes tués, je ne peux pas les oublier. Quel gâchis !

Parole de poilu -  Lazare Ponticelli

 

La guerre, c'est ignoble. La nature humaine s'y révèle dans toute sa nudité...J'en rêve encore

Parole de poilu -  Louis Cabrol

 

Les Allemands ? Ils étaient comme nous, des pauvres types qui se faisaient casser la gueule pour rien.

Parole de poilu - Léon Weil

 


Jamais je n'avais pensé que de telles atrocités pouvaient se passer. Dans mon imagination d'humain, ce n'était pas possible

Abdoulaye N'Diaye, dernier tirailleur sénégalais

Ancre 2

Les années précédentes en image

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